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11/07/2019

Résultats de l'étude "Bien manger pour mieux conduire"

A la veille d’un nouveau week-end de départs en vacances, l’association Attitude Prévention dévoile les résultats de la première étude française sur simulateur homologué de conduite montrant le lien entre alimentation et vigilance.

Cette étude a été menée avec le docteur Frédéric Saldmann, cardiologue et nutritionniste, et le professeur Fabrice Bonnet, médecin endocrinologue, auprès d’automobilistes en situation réelle de conduite grâce à un simulateur. Elle a évalué les risques d’hypovigilance après le repas (phase post-prandiale), après un jeûne séquentiel, un repas normal ou hypercalorique.

 

La somnolence au volant

Le constat :

  • La somnolence au volant est la première cause de mortalité sur autoroute, impliquée dans 1/3 des accidents mortels.
  • La somnolence est rarement évoquée dans les campagnes de prévention.
  • La somnolence entraîne des périodes de micro-sommeil de 1 à 4 secondes : 4 secondes, c’est 150 mètres parcourus si on roule à 130km/h (Source IFSTTAR (Institut Français des Sciences et Technologie des Transports, de l'Aménagement et des Réseaux)).

Des dangers sous-estimés :

Une étude Attitude Prévention menée par OpinionWay en 2018 révélait déjà que :

  • 52 % des parents ont déjà conduit en étant fatigué.
  • Près de 3 conducteurs sur 10 sous-estiment les effets de la fatigue sur leur conduite.
  • Parmi les raisons invoquées : 
    • 55 % ont l’impression de gérer la fatigue.
    • 18 % pensent que s’arrêter ne changera rien.

Des causes multifactorielles :
Les causes de la somnolence peuvent aussi être dû à plusieurs facteurs. La déprivation de sommeil, la consommation de certains médicaments, l’environnement du véhicule et le statut nutritionnel du conducteur en font partie.

"Une des missions de l’association Attitude Prévention est de renforcer la vigilance des Français au volant. Cette étude inédite a ainsi pour objectif d’analyser le comportement des automobilistes, avant et après un repas, pour comprendre les conséquences de l’alimentation sur leur concentration, leur vigilance, voire leur somnolence au volant", explique Éric Lemaire, président de la commission route de l’association Attitude Prévention.

L’étude Bien manger pour mieux conduire en détail

L’objectif de cette étude était d’évaluer, pour la première fois en France, les risques d’hypovigilance en phase post-prandiale, après un jeûne séquentiel, un repas normal ou hypercalorique. Les personnes étaient en situation réelle de conduite à l’aide d’un simulateur homologué.

Le matériel utilisé :

  • Le simulateur de conduite (Develter®, Car Evolution) comprend un poste de conduite associé à un logiciel de simulation et d’un écran. Ce dispositif permet de reconstituer les spécificités d’un parcours sur autoroute, selon 4 conditions de conduite (nuit, jour et par temps sec ou pluvieux).
  • Un boîtier (Toucango® d’Innov+) muni d’un capteur optique infra-rouge dédié, orienté en direction du visage du conducteur, et qui intègre les algorithmes d’analyse faciale des états de vigilance du conducteur durant le trajet. Il permet de mesurer la distraction et les signes de somnolence au volant.

La méthode mise en place :

Après avoir appris à se servir du simulateur, les conducteurs réalisent un test de freinage. Ils prennent ensuite un repas et reprennent la route sur le simulateur de conduite pendant 40 minutes avec les mêmes conditions que celles sur l’autoroute.

Au bout de 40 minutes de conduite, ils effectuent un second test de freinage.

Les repas

Trois situations ont été testées : jeûne séquentiel, repas "normo-calorique" et repas "hyper-calorique" (1531 Kcal) avec différents types de repas.

Jeûne séquentiel

  • A jeun depuis la veille au soir.

Repas normo-calorique

  •  V1 : émincé de poulet (350g) + légumes à l’italienne (343 Kcal), 1 yaourt (90 Kcal) pour un total de 533 Kcal.
  • V2 : pâtes au saumon et poireaux (300g = 393 Kcal), 1 yaourt (90), 1/2 pomme (22 Kcal) pour un total de 505 Kcal.

Repas hyper-calorique

  • V1 : chips (30g - 151 Kcal), saucisson sec (1 tranche de 15g - 63 Kcal), hamburger fromage/jambon (400g – 724 Kcal), fromage (160 Kcal), moelleux au chocolat (90g - 405 Kcal) pour un total de 1503 Kcal.
  • V2 : chips (30g - 151 Kcal), saucisson sec (1 tranche de 15g - 63 Kcal), 1 tranche de jambon cru (50g - 143 Kcal), parmentier de boeuf charolais, écrasé de pommes de terre au comté (330g - 545 Kcal), fromage (203 Kcal), moelleux au chocolat (90g - 405 Kcal) pour un total  de 1503 Kcal.

Les résultats

"Nous avons étudié la baisse de la vigilance des conducteurs en observant le mouvement des globes oculaires et les postures grâce à un boitier infra-rouge orienté vers le visage du conducteur. Ces comportements ont été filmés et enregistrés sur des systèmes de big data selon des critères robustes et fiables au niveau médical et scientifique. Nous avons ensuite mesuré le nombre de comportements à risques selon le type de repas." commente le docteur Frédéric Saldmann.

Temps de freinage :

  • Le temps de freinage, après une période de conduite de quarante minutes, est :
    • notablement augmenté pour le groupe "déjeuner hyper-calorique" (+ 9,7 m)
    • sensiblement augmenté pour 75% du groupe "déjeuner normo-calorique" (+2,16 m)
    • réduit pour le groupe "jeûne séquentiel"
  • Ceci suggère que les réflexes :
    • se dégradent après un déjeuner hyper-calorique,
    • paraissent peu altérés après un déjeuner normo-calorique,
    • semblent s’améliorer lors d’une conduite en état de jeûne séquentiel.

Etat de vigilance :

Aucun des participants "à jeun" n’a dépassé, après 40 minutes le niveau, 1 "légèrement somnolent". Cet état peut être considéré comme normal après 40 minutes de conduite sur autoroute, mais n’a pas d’impact sur la capacité de freiner en cas d’obstacle comme le montre le temps de freinage de ce groupe.

Après un repas normo-calorique, un seul des conducteurs a atteint le niveau 1,5 qui dénote un état allant vers la "somnolence modérée". Ces résultats sont conformes avec le fait que lors de la séquence de freinage, même si une majorité (75%) a vu ses capacités de freinage légèrement s’altérer, ceci n’avait que peu d’impact sur la distance supplémentaire nécessaire à l’arrêt total du véhicule.

Dans le groupe "repas hyper-calorique", 60 % des conducteurs ont dépassé le niveau 1 :

  • 54 % ont atteint ou dépassé le niveau 2 de "somnolence modérée",
  • 37,5 % ont atteint le niveau 3 de "somnolence significative",
  • 17,5 % (1 individu) a atteint le niveau maximal "d’extrême somnolence".

Ces résultats confortent le fait que 100% de ces conducteurs avaient un temps de freinage altéré à la suite de l’apparition d’un signal stop, avec un dépassement de près de 10m, après le repas "hyper-calorique".

 

Sur le groupe de conducteurs qui a consommé un repas classique ("normocalorique" - 500 Kcal), seuls 17,5 % des conducteurs ont atteint un état allant vers la "somnolence modérée". Un résultat conforme avec le fait, que lors de la séquence de freinage, même si une majorité (75 %) a vu ses capacités de freinage légèrement s’altérer, ceci n’avait que peu d’impact sur la distance supplémentaire nécessaire à l’arrêt total du véhicule. Concernant le groupe des conducteurs à jeun (à jeun depuis la veille au soir du trajet), aucun n’a dépassé le niveau dit "légèrement somnolent".

Ainsi, l’étude démontre clairement l’impact très important de l’apport nutritionnel, en dehors de toute prise d’alcool ou de restriction de sommeil, sur la vigilance du conducteur. "La vigilance au volant commence dans son assiette. L’étude démontre, pour la première fois, qu’un repas léger et une bonne hydratation augmentent la vigilance. Les repas trop copieux sont à proscrire car ils ont tendance à aggraver la somnolence. A éviter aussi, les aliments trop gras et trop sucrés et mangez lentement pour améliorer la digestion. Plus on sera vigilant, moins il y aura d’accidents." conclut le docteur Frédéric Saldmann.


Pour prendre la route en sécurité, en complément d’une alimentation équilibrée, le comportement du conducteur est primordial. Il est indispensable de dormir suffisamment la veille du départ et de faire régulièrement des pauses sur la route, au moins toutes les 2 heures et aux premiers signes de somnolence.

Les conseils

Voici quelques conseils à mettre en pratique avant de prendre la route des vacances et pendant le trajet. 

  • Se nourrir correctement et s’hydrater.
  • Partir reposé : éviter les nuits trop courtes ou les horaires décalés.
  • Éviter les heures où le risque de somnolence augmente (entre 13h et 16h et entre 2h et 5h).
  • Se relayer entre conducteurs pour alterner les périodes de repos et de conduite.
  • Faire des pauses de 15-20 minutes toutes les 2 heures.
  • Pas d’alcool avant et pendant le trajet.
  • En cas de prise de médicaments, vérifier leur compatibilité avec la conduite.

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L’importance d’une bonne hydratation pendant un trajet

L’eau est indispensable à l'ensemble des processus vitaux de l’organisme, et ne doit pas être négligée. Il est plus que nécessaire de s’hydrater régulièrement. Lorsque la sensation de soif se fait ressentir, il est déjà trop tard : fatigue, faiblesse musculaire, manque de concentration… sont déjà installés. L’organisme a alors plus de difficultés à effectuer des tâches, le cerveau étant sensible aux pertes hydriques.

En voiture, qu’il fasse chaud ou froid, notamment avec l’usage de la climatisation, il est essentiel de boire régulièrement de l’eau, en gardant une bouteille à portée de main. Une bonne hydratation est garante d’une meilleure vigilance sur la route.

 

Consulter le dossier de presse

 

Une campagne de sensibilisation des Français

Pour accompagner le plus grand nombre de Français sur la route des vacances, l’association Attitude Prévention lance une grande campagne de sensibilisation intitulée Et si nous transmettions la bonne attitude ?

En juillet, l’association diffuse à la radio et en télévision, des spots de sensibilisation pour alerter sur les risques sur la route, mais aussi de la vie courante : noyade ou brûlure. Cette campagne se complète par la distribution gratuite sur les aires d’autoroute d’un sac et d’une gourde isothermes pour réussir sa pause sur la route des vacances.

En savoir plus sur la campagne "Et si nous transmettions la bonne attitude ?"

 

L'association des assureurs français

Assurance Prévention est l'association de France Assureurs qui vous sensibilise aux risques du quotidien : route, maison, loisirs, santé, aléas naturels...